Théâtre
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Le théâtre d’Apamée (plan général 3), construit à l’extrémité occidentale du grand axe ouest-est, était l’un des édifices les plus impressionnants de la ville antique : avec ses 139 mètres de diamètre, c’est, en effet, l’un des plus vastes, sinon le plus vaste du monde romain (à titre de comparaison, le théâtre d’Orange, en France, mesure 103 mètres ; celui de Sabratha, le plus grand d’Afrique, 92,60 mètres ; celui de Bosra, env. 90 mètres). Construit en empiétant sur un tronçon de l’enceinte hellénistique, le monument, rigoureusement demi-circulaire, est d’un plan typiquement romain. Il profite, comme les théâtres grecs, d’un repli de terrain auquel il s’adosse, au bord même du plateau, face à la citadelle. Dépourvu de « foyers », il rappelle, en plan, le théâtre d’Aspendos, construit sous le règne conjoint de Marc Aurèle et Lucius Vérus (161-168). Toutefois, l’ordre inférieur du mur de façade ne paraît guère antérieur à la fin du IIe s. ap. J.-C. C’est donc bien de ce moment-là que l’on est tenté de dater l’édifice. Les recherches conduites par la Mission archéologique belge se sont attachées à reconnaître le système des circulations et à dégager le couloir d’accès (parodos) oriental (B) et la galerie demi-circulaire (ambulacrum) (C) avec laquelle communiquaient, sous l’hémicycle (cavea), les couloirs et escaliers radiaux qui la reliaient à la galerie supérieure. Les gradins, souvent mal conservés, ont une mouluration assez sobre. La décoration du mur de scène est très ruinée : plusieurs colonnes des deux ordres qui la composaient, en calcaire local, et de trop rares pièces d’entablement en marbre témoignent toutefois d’une architecture d’une certaine sobriété, qui étonne quelque peu en Orient.

Longtemps occupé après la fin de l’Antiquité, le monument fut utilisé par les armées musulmanes, durant les Croisades, comme tête de pont fortifiée pour tenter de s’emparer de la citadelle tenue par les Francs (1106-1149) ; c’est ce que montrent la tour carrée placée contre l’une des entrées, en façade, et la tour circulaire (D) établie au sommet de la cavea. Il servit ensuite de carrière tant pour la restauration de la citadelle, ruinée par les tremblements de terre du XIIe siècle, que pour la construction du caravansérail ottoman dans la vallée (aujourd’hui devenu le musée archéologique d’Apamée) (plan général 2). De nombreux fours à chaux y témoignent, comme à la Porte Nord et dans le « Quartier Nord-Est », de l’intense activité de récupération des matériaux antiques durant le Moyen-Âge.
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