Rempart
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La ville d’Apamée est entourée d’une enceinte d’environ 7 kilomètres, forte de quelque cent tours quadrangulaires. Conformément aux modes d’implantation des remparts de type grec, le tracé de cette enceinte suit la configuration du terrain. Le plateau qu’il entoure - défendu naturellement sur trois de ses côtés - correspond à la superficie urbaine, sans que l’on puisse cependant préciser s’il existait des zones non construites à l’intérieur même de ce rempart (plan général, 1).
La date de la première fortification n’est pas établie de manière assurée. Si l’on peut supposer que l’acropole fut fortifiée dès l’époque de Séleucos Ier, il semble qu’il faille attendre la première moitié du IIe s. av. J.-C. pour que la ville soit entièrement enceinte de murailles, selon un plan général qui ne paraît pas avoir fondamentalement changé par la suite, durant toute l’Antiquité. Sur une épaisseur de près de 3 mètres, et prenant appui sur de puissantes fondations qui reposent sur le substrat géologique local, le mur s’élevait probablement sur une hauteur de 8 à 10 mètres. On accède au chemin de ronde par des escaliers, comme en témoigne encore aujourd’hui l’organisation intérieure de la partie la mieux conservée du tronçon septentrional, à quelques dizaines de mètres à l’ouest de la Porte Nord. Des tours, dont l’intérieur est aménagé, renforcent le flanquement des courtines et marquent les principales articulations du tracé du rempart.
Des réparations très importantes du rempart semblent pouvoir être datées du Ier siècle ap. J.-C., peut-être après un séisme d’une forte intensité. Les blocs utilisés sont encore de calcaire tendre, comme les précédents, mais ne présentent plus le travail en bossage caractéristique de la phase hellénistique. Après le tremblement de terre de 115 ap. J.-C., il faudra à nouveau reconstruire la muraille, mais on utilisera cette fois des blocs d’un module différent, variable selon les assises et d’un calcaire beaucoup plus dur. Après les raids sassanides, la cité continuera à entretenir ses remparts ; elle doublera même le nombre des tours flanquant la courtine nord-est, peut-être en conséquence de la disparition d’un avant-mur, en ce secteur de plain-pied avec la campagne environnante. Aux IVe et Ve siècles, la paix générale entraîne en revanche un moindre intérêt pour l’ouvrage défensif : le niveau de circulation extérieur s’élève progressivement par manque d’entretien ; on réduit aussi certaines tours au moment où l’on est amené à les reconstruire. Les séismes répétés de 526 et 528 n’ont pas manqué d’entraîner de nouvelles réparations : celles-ci se firent en récupérant les blocs des phases précédentes. La nature défensive de la muraille est à nouveau sollicitée et jusqu’au début du VIIe siècle on repère un entretien constant face à la menace de plus en plus affirmée des Perses.

La IIe légion parthique et les inscriptions funéraires de la tour XV

À l’occasion du dégagement de la partie orientale du rempart par la Direction générale des Antiquités et Musées de Syrie durant l’automne 1984, une dizaine de stèles funéraires fut découverte. Le démontage systématique de la tour XV par la mission belge durant les campagnes 1986-1988 mis ensuite au jour quelques 110 inscriptions, portant à 130 le nombre total de monuments funéraires (autels, stèles et cippes) appartenant à la nécropole militaire de la IIe légion parthique, ainsi qu’aux divers détachements qui l’accompagnèrent en Syrie au cours du IIIe siècle ap. J.-C. La legio II Parthica prit en effet ses quartiers d’hiver à Apamée à l’occasion des campagnes orientales des empereurs Caracalla, Sévère Alexandre et Gordien III.

Ces différents monuments précisent, en latin, le nom (et quelquefois l’origine exacte) des soldats, leur grade et leur rang dans l’unité où ils servaient, leur âge et le nombre d’années de service accomplies, ainsi que le nom du ou des compagnons d’arme qui érigèrent le monument. On notera que les soldats y sont assez souvent figurés en relief, avec leur uniforme, leur armement et parfois l’insigne de leur grade ou de leur fonction. Ces monuments funéraires constituent une mine d’informations d’un intérêt exceptionnel pour l’histoire de l’armée romaine au IIIe siècle ap. J.-C. La concentration de ces monuments funéraires au niveau de la tour XV du rempart invite à penser que la nécropole du camp, et le camp lui-même, devaient se trouver à proximité de cet endroit de la ville.
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