Au nord du carrefour le plus important de la cité fut construite une fontaine monumentale qui, par le choix de son emplacement, fait écho aux nymphées impériaux de l’Orient romain (plan général 15). La fouille permit la récolte de plus d’une centaine de fragments architecturaux et d’une bonne cinquantaine de fragments de sculptures qui autorisent une restitution relativement complète du monument. La datation stylistique qu’on assigne à ces fragments s’accorde aisément à la datation communément admise pour le tronçon central de la Grande Colonnade, à savoir la seconde moitié du IIe s. ap. J.-C. On situera donc la construction du nymphée dans la continuité de l’aménagement du centre urbain d’Apamée (Grande Colonnade et agora), après les destructions causées par le tremblement de terre de 115. Il fut utilisé jusqu’à l’époque byzantine (peut-être jusqu’au VIIe siècle), même si quelques indices témoignent d’une réduction de son débit.

Ce nymphée est composé d’une exèdre ouvrant sur un espace rectangulaire qui est au contact direct du portique oriental de la Grande Colonnade. L’élévation comprenait deux étages où prenaient place des statues de marbre représentant différents dieux du panthéon gréco-romain (Athéna, Hygie, Asclépios, Héraklès...). Il s’agit de copies réalisées à partir de modèles grecs célèbres des époques classique et hellénistique, en deux séries de taille différente qui se répartissaient sur les deux étages du bâtiment. Au centre du monument, une grande niche surmontait un bassin rectangulaire qui recevait directement l’eau. Une douzaine de gargouilles alimentaient également un canal entouré d’un élégant parapet de calcaire rose et qui reprenait le plan général, en fer à cheval, de la fontaine.
Au sud du nymphée, une rampe d’accès dallée menait à une latrine publique, située à l’arrière de la fontaine monumentale et qui utilisait en partie l’adduction d’eau de cette dernière. Cette latrine, alors interprétée comme l’atrium d’une maison, avait déjà été mise au jour lors de dégagements effectués en 1934 et 1935. On peut y restituer 80 à 90 sièges, en une banquette continue qui courait le long des murs. Le centre du monument était éclairé par une sorte d’impluvium, ouvert dans un rectangle de 5 x 3 colonnes ; les quatre galeries couvertes étaient pavées de mosaïques.