Le conflit qui fait rage depuis deux ans en Syrie n’est pas sans conséquences sur le patrimoine archéologique et Apamée et sa citadelle médiévale comptent parmi les sites syriens les plus touchés par les dégâts collatéraux suite à des affrontements mais surtout par les pillages. Dès 2012, une série de vidéos publiées sur YouTube témoignait de dégâts importants sur un pan de la citadelle médiévale de Qal‘at al-Mudiq. Installée sur l’ancienne acropole gréco-romaine et encore occupée aujourd’hui, celle-ci a subi des tirs d’artillerie de la part de l’armée gouvernementale après que des rebelles armés s’y étaient réfugiés.

La mention de pillages sur le site d’Apamée même et du vol d’une statue dans le musée archéologique aménagé dans l’ancien caravansérail du village avait été relayée par la presse arabe et occidentale en 2012. Mais la mise à jour des images Google Earth datant d’avril 2012 et publiées il y a quelques mois permet désormais de prendre la mesure de l’intensité des fouilles clandestines.

Sur les clichés les plus récents, on distingue nettement en noir sur le fond vert de couverture végétale les trous creusés par les pilleurs et les déblais de terre plus claire qui les entourent. Il semblerait que plus de la moitié du site archéologique, dont la superficie totale atteint rappelons-le 260 ha, ait fait l’objet de fouilles clandestines.

Depuis les premières campagnes de fouilles menées par la mission belge en 1928 les trouvailles archéologiques ont été nombreuses sur le site. Apamée, ancienne capitale de province, se distingue par la richesse de son architecture mais aussi par ses mosaïques qui ornaient aussi bien les églises et les maisons que les trottoirs de la ville antique. Nul doute que c’est l’attrait de ces mosaïques encore inédites et dont la vente peut s’avérer lucrative qui continue d’attirer les pilleurs sur le site.